Inviato da Virginie Marechal il 03/08/14 – 18:32

Hélène Aubert était venue à la RIDEF avec des préoccupations de classe bien précises. Elle a choisi l'atelier long animé par Jean Le GAL pour trouver des stratégies, pour surmonter les difficultés vécues au quotidien dans son école.

Elle repart la RIDEF de Reggio avec des réponses mais aussi et surtout avec l'envie de militer dans sa ville pour faire avancer la part des enfants dans la cité, dans l'école, dans l'équipe. Parce qu'elle a été touchée d'apprendre que "des propositions d'enfants qui au départ semblaient ne concerner que les enfants ont abouti à des changements de société".

Elle nous livre le témoignage de sa participation à l'atelier long et comment elle compte s'y prendre dès la prochaine rentrée pour veiller à ce que tous les enfants de sa classe aient  "voix au chapitre".  Son enthousiasme est contagieux.  Lire la suite pour en savoir plus.

Bonjour Hélène, qu'as-tu pensé de l'atelier long intitulé "la participation démocratique des enfants dans l'école et dans la ville" ? 

J'ai vraiment apprécié de vivre pendant l'atelier la mise en place progressive d'une forme de démocratie dans le groupe. Par son langage, Jean Le GaL a eu à coeur de nous faire comprendre qu'il nous était possible de remettre ses paroles en question.

Par exemple, il utilisait la formule suivante :  "en tant qu'animateur institué par la RIDEF, je propose qu'on commence par décider comment on va prendre les décisions dans le groupe".

C'était une invitation à le remettre en question, ce que nous avons fait  : "Pourquoi ne pas commencer par : comment prendre la parole ?" Du fait de nos pratiques de classe, c'était ce qui nous semblait aller de soi comme préalable. Mais Jean Le Gal a répondu :

"Parce que "comment prendre la parole" doit déjà être le fruit d'une décision prise par le groupe."

Alors, nous avons pris notre temps. Nous avons pris le temps de discuter, d'argumenter.

Et le groupe a décidé de prendre les décisions par consensus, c'est à dire qu'une décision est prise non pas si tout le monde est d'accord mais si personne n'a d'opposition à ce qu'elle soit prise. Des rôles ont été attribués, découlant de ce premier point, notamment le rôle d'animateur qui aide à reformuler telle ou telle proposition et qui demande "est-ce que quelqu'un s' y oppose? "? , un rôle de secrétaire des décisions prises, un gardien du temps, un animateur qui enregistre les inscrits pour la prise de parole et veille au respect du tour... Toutes les règles discutées et posées par le groupe ont été écrites et affichées. Lorsqu'un participant n'en respectait pas une, par exemple, revenait plus tard de pause que prévu, l'animateur rappelait la règle et c'est tout. 

C'était très satisfaisant, j'ai eu l'impression que tous les problèmes qui se posent d'ordinaire dans une classe se sont aussi posés à nous au fil de l'atelier long. Nous les avons traités selon ce que nous avons décidé, même si cela a pu se faire en accéléré, par rapport à une classe. En effet, la différence est que tous les participants de l'atelier étaient là de manière volontaire, animés par la même bonne volonté d'avancer...

Par exemple, concernant les problèmes de langage qui pourraient se poser dans une classe du fait de la compréhension variée du vocabulaire, nous les avons vécus, du fait du besoin de traduire. Nous avons décidé que tant qu'un participant n'était pas à l'aise avec une proposition, nous prenions le temps d'en discuter, de la reformuler, jusqu'à ce que nous soyons tous d'accord pour convenir que tout le monde parlait bien de la même chose. L'animateur demandait  "est-ce que j'ai bien compris ce dont on discute ?" jusqu'à adhésion de tous.

Nous avons aussi échangé sur nos pratiques en petits groupes pour raconter aux autres comment nous faisons pour faire participer les enfants. Nous avons analysé nos pratiques ensemble, discuté d'expériences et de stratégies... Les questions restées en suspens ont été listées pour qu'on trouve le temps d'y répondre d'ici à la fin de l'atelier long. 

A chaque fois, Jean Le Gal nous aider à resituer nos propos par de petits exemples qui nous permettaient de décaler notre position et de nous rendre compte que d'autres façons de faire sont possibles.

J'ai été touchée de constater la diversité des expériences menées dans le monde entier pour défendre les droits des enfants... Et je me réjouis d'apprendre que dans de nombreux pays, les droits des enfants sont présentés à l'école, même si des ministres l'ont imposé.

En conclusion, j'ai compris que les sociétés dans lesquelles on permet aux enfants de participer à la recherche de solutions pour résoudre des problèmes sont aussi celles où ces solutions ont pu déboucher sur des changements de société : en Afrique, une proposition d'enfants a impulsé des ateliers d'alphabétisation pour les mères, une correspondance scolaire a impulsé la mise en place de recyclage de déchets ...

Photo de Jean Le Gal par Claude Beaunis

Photo d'Hélène Aubert par Virginie Marechal

 

Photo de groupe par Florence Saint-Luc