Soumis par Claude Beaunis le 08/12/10 – 10:15

CINQUANTENAIRE DE LA FIMEM

LE CONGRES DE NANTES DE 1957 « UN BEAU CONGRES »
Du mardi 16 avril au samedi 20 avril , le XIIIème congrès de l’ICEM ( 1957 est aussi la 30ème année de rencontres du mouvement Freinet national qui s’est réuni nationalement la première fois en 1927) se déroule dans la ville de Nantes. Ce congrès innove car, pour la première fois s’ajoute au congrès national de l’ICEM, le premier congrès international des coopératives scolaires en présence d’une centaine d’enfants délégués des coopératives scolaires qui vont discuter de leurs droits et de leurs devoirs et de leurs besoins. Les lycées Livet et Clemenceau, le musée des Beaux-Arts et le museum d’Histoire Naturelle, le théâtre-opéra Graslin sont des lieux d’hébergement et accueillent des lieux d’exposition et de travail des différentes commissions.
Dans l’édition technologique de l’éducateur (n°21) datée du 20 avril 1957, alors que le congrès de Nantes se terminait tout juste, Célestin Freinet écrivait en titre d’un article de 7 pages la formule «le beau congrès de Nantes ».
En effet ce congrès avait vu se dérouler des événements très importants qui allaient marquer l’histoire du mouvement Freinet
• Tout d’abord il fut un des plus importants en nombre de participants puisque l’on a dénombré 800 à 1000 participants.
• Il fut une grande manifestation laïque avec un défilé, le jeudi 18 avril de 1000 enfants et 1000 adultes avec bagadou et groupes folkloriques à travers la ville, qui montra, comme dit Freinet « cette solidarité laïque en pays chouan »
• Il fut la première rencontre internationale de jeunes coopérateurs scolaires
• Le congrès adopta la charte de l’enfant.
• Il fut une remarquable exposition d’Art enfantin dans la salle des Beaux-Arts du lycée Clemenceau, et surtout au musée des Beaux-Arts de Nantes où fut créé, dans le patio, une Maison de l’Enfant.
• Il vit aussi la naissance de la Fédération internationale des mouvements d’Ecole Moderne dont le bureau fut constitué de Célestin Freinet (France), Lucienne Mawet (Belgique), Maurice Perrenoud (Suisse) et Giuseppe Tamagnini (Italie)>

LA FIMEM (Fédération Internationale des Mouvements d’Ecole Moderne)
Discours inaugural de Freinet
Célestin Freinet précise dans son discours inaugural de la FIMEM :« Les délégations d’URSS, de Pologne, de Hongrie, de Roumanie, de Bulgarie et de l’Allemagne de l’Est n’ont pas eu à temps le visa nécessaire et, à notre grand regret, n’ont pas participé à notre congrès. Nous ont envoyé leurs salutations, outre les pays ci-dessus : le Maroc, le Cameroun, La Réunion, l’Italie, San Marino, l’Espagne républicaine, l’Uruguay et le Viet Nam. Le nombre de pays qui s’intéressent à nos travaux et qui possèdent des groupes Ecole Moderne devient aujourd’hui si important que les représentants étrangers réunis à Nantes ont décidé de créer l’organisme international qui harmonisera les relations déjà existantes. (…)
Et c’est parce que nous sommes riches aujourd’hui de l’appui international qu’apparaît comme naturel et indispensable la création de la Fédération Internationale des Mouvements d’Ecole Moderne »

NAISSANCE DE LA FIMEM

Comme se déroulait le congrès des jeunes coopérateurs, ceux-ci étaient souvent venus avec leurs enseignants si bien que la présence de délégations étrangères fut très importante.
Malgré le petit réchauffement des relations Est-Ouest après la mort de Staline et la venue au pouvoir de Khrouchtchev, les délégations des pays de l’Europe de l’Est n’ont pu venir, car elles n’avaient pas obtenu de visas. Si elles étaient venus cela aurait été une première depuis 1945 Ainsi furent absents les représentants de l’URSS, de la Pologne, de la Tchécoslovaquie, de la Roumanie, de la Bulgarie et de la RDA. Mais il serait plus juste de dire que les relations entre Freinet et le parti communiste français étant à cette époque-là très conflictuelles la non-obtention des visas venait plus de l’appareil communiste en général que des complications administratives classiques.
Malgré tout ces pays enverront leurs salutations.
Lors de la séance inaugurale du mardi 16 avril, sont présents à la tribune, les responsables des délégations des mouvements belge, suisse, hollandais, yougoslave, tunisien et mexicain
Lucienne Mawet (Belgique) présente le projet de constitution de la FIMEM lors de la séance de clôture du congrès de l’ICEM. qui sera donc votée à l’unanimité le vendredi 19 avril 1957 , jour officiel de la naissance de la FIMEM
Cette motion porte le numéro 2 sera votée à l’unanimité, elle crée la FIMEM (voir le texte in extenso, à la fin de cet article).
Ont participé à la naissance de la FIMEM :
15 groupes nationaux à savoir par ordre alphabétique (dénommés comme ils l’étaient à l’époque):
• Allemagne de l’Ouest
• Belgique
• Cuba
• France
• Grèce
• Hollande
• Italie
• Maroc
• Mexique
• Nouvelle-Zélande
• San Marino
• Suisse
• Tunisie
• Uruguay
• Yougoslavie
Sont cités dans la constitution de la FIMEM, 5 colonies ou territoires français d’outremer (non indépendants en 1957): Cameroun, Madagascar, la Réunion, Sénégal et Tahiti.
Il n’est pas étonnant que l’Algérie n’y figure pas, car les institutions françaises considéraient l’Algérie comme des départements français. De nombreux instituteurs enseignants en Algérie étaient d’ailleurs présents à ce congrès.
Outre ces 20 groupes ou organisations fondateurs, étaient présents à ce congrès des représentants de l’Espagne républicaine, du Viet-Nam, d’Angleterre, mais aussi de Pologne et un étudiant russe.
Personnes citées au fil des interventions du Congrès :
Est présente Denise Croisé (Belgique) qui présente le mouvement Education Populaire qui s’est redynamisé et qui a des contacts avec le mouvement belge flamand dirigé par Messens
La camarade suisse parle ensuite
Le camarade tunisien Chabaane se félicite de la naissance de la FIMEM
M Verslhuis de Hollande
Le délégué australien parle
Le camarade yougoslave remercie en espéranto
M Diop du Sénégal
Mlle Bonfil Y Castro du Mexique qui présente le MEEM et parle du travail remarquable de Redondo
M Legrand délégué de l’UNESCO dit « Ce congrès a apporté surtout, selon moi ,quelque chose de très important celui de créer la FIMEM
Les absents
Sont cités comme absents ayant envoyé des télégrammes ou des lettres :
Des camarades allemands de l’ouest et de l’est, polonais, hongrois, Chinois, Portugais, vietnamiens, bulgares, espagnols
• Montanari de San Marino
• Des camarades russes
• Giuseppe Tamagnini (Italie) qui a écrit une lettre où il dit « depuis que notre organisation (le MCE ) est née, c’est la première fois que nous sommes absents de votre congrès »
H Almendros , ex-fondateur de la Coopérative espagnole de l’imprimerie à l’école actuellement à Cuba et Juliàn B. Caparros Morata ( îles Canaries) ont envoyé ce message « « Nous, éducateurs de l’Espagne éternelle qui souffre aujourd’hui sous les rigueurs du dogmatisme qui tue toute vraie pédagogie, sommes avec vous, pédagogues de la France libre, à l’occasion de ce XIIIe Congrès National de l’Ecole Moderne, en faisant nos meilleurs vœux pour la réussite complète. Nos très cordiales salutations. »
Ceux qui étaient annoncés dans des articles précédents et qui sont peut- être présents au congrès
Etaient annoncés, comme pouvant venir au congrès, en mars 1957 :
Un groupe de Hambourg (Allemagne de l’Ouest)
Un groupe de travailleurs-enseignants de Zagreb (Croatie)
Un professeur de Sofia ( Bulgarie)
M Alexandre Nagy , professeur à Budapest ( Hongrie)
Cinq instituteurs travailleurs polonais
M Borel, professeur à Neuchâtel (Suisse)

François Perdrial 31 mai 2007-
Fait à partir des documents d’archives
ANNEXE :Motion n°2 votée à l’unanimité
Constitution de la Fédération
Internationale des Mouvements
d’Ecole Moderne
L’Ecole Moderne vit internationalement, comme en sont la preuve l’activité des nombreuses sections constituées, les diverses manifestations (congrès, expositions, rencontres, etc…) les nombreux périodiques édités par les mouvements nationaux.
Le Congrès de Nantes auquel participaient d’importantes délégations étrangères, a décidé de rendre permanentes, organiques et officielles ces liaisons pédagogiques, psychologiques et culturelles en créant une FEDERATION INTERNATIONALE DES MOUVEMENTS D’ECOLE MODERNE qui unit à ce jour les groupes et organisations de France, Tunisie, Maroc, Sénégal, Cameroun, Madagascar, la Réunion, Tahiti, Nouvelle Zélande, Italie, République de San Marino, Suisse, Belgique, Hollande, Allemagne de l’Ouest, Yougoslavie, Grèce, Cuba, Mexique, Uruguay.
Le Bureau a été constitué avec FREINET (France), Lucienne MAWET (Belgique), PERRENOUD (Suisse), TAMAGNINI (Italie). Adresse provisoire : FREINET, Vence (A.-M.).
Un Bulletin trimestriel paraîtra en 3 langues. Les revues nationales (France, Tunisie, Cameroun, Italie, Suisse, Belgique, Hollande, Grèce, Amérique du Sud, Mexique, Yougoslavie) participeront aux enquêtes et travaux internationaux.