Gespeichert von Claude Beaunis am Fr., 31.08.2012 - 11:36

Kore, ancienne déesse grecque, est fille de Demetra, déesse de la Terre. Elle vit avec la mère  une partie de l'année, elle passe l'autre période aux Enfers avec son epoux qui l'avait enlevée. Les mois hivernales correspondent à la  disparition de Kore, les printaniers à son retour. Demetra et Kore, mère et fille, forment le couple primordiale d'une seule divinité féminine, la Grande Déesse, qui prend des aspects différents pour symboliser le cycle incessant de la vie à travers les phases de la naissance, de la mort et de la régénération. Le mythe, selon l'avis de Luce Irigaray,[1] est plus complexe: il parle de l'ordre symbolique de la Mère qui a été battu et aussi d'une interruption de la généalogie féminine écrasée par l'ordre patriarcale. Le thème central du mythe[2] est la puissance maternelle inscrite dans toute la Nature.

C'est au personnage de Kore que s'inspire le groupe M.C.E. qui s'est constitué aux années '90 dans le but d'approfondir la recherche sur les thèmes du féminin dans ses aspects éducatifs et de fondre le patrimoine pédagogique-culturel du M.C.E. avec celui des femmes.
 
Les buts de la recherche
En reprenant la recherche sur la Difference Sexuelle (années '80) nous nous  sommes proposé de revisiter les savoirs “neutres” pour construire un nouveau savoir sexué de femmes et d'hommes.
Il ne s'agit pas de proposer une sorte de séparatisme, mais de rendre explicite la présence d'une pensée qui dévoile la domination du faux neutre masculin.
Dans la recherche nous utilisons la circularité des parcours: formation personnelle / formation professionnelle, vécu personnel / expériences didactiques, élaboration des parcours / sens de la vie.
Nous avons recherché l'authenticité par la déconstruction des formes stéréotypés d'identité de genre Homme/Femme, qui ne doivent pas constituer une cage, mais un parcours de recherche pour les deux sexes, en conduisant les femmes à “se reconnaître en tant que êtres humains complets, qui n'ont pas besoin d'une approbation de la part des hommes” et les hommes “à se libérer des contraintes sociales liées au genre, en mettant l'accent sur la relation et sur les différences”.
Nous avons cherché à lire la réalité historique et sociale non pas du point de vue de l'historiographie traditionnelle, mais de celui plus complexe de la Théorie de la Transformation Culturelle: la première utilise le plus souvent des catégories économiques et politiques, l'autre, dans une vision systemique, s'occupe de la totalité du chemin de l'humanité avec une attention aux hommes et aux femmes dans leurs concrètes expériences. C'est la tension dialectique entre deux modèles de base qui détermine identité et rôle des sexes: le modèle dominationest centré sur séparation-compétition-contrôle, le modèle  partnership est fondé sur corrélation-paritaire-exaltation de la vie.
Les cultures orientées vers le premier modèle se caractérisent par une forte  hiérarchisation, avec les femmes en position d'infériorité, un taux de conflits et de violence très grand et des règles sociales très rigides; celles qui s'orientent vers le deuxième modèle montrent une plus grande disponibilité vers la créativité et le changement, des organisations sociales plus démocratiques et une plus grande empathie vers la nature.
Si la revisitation  historique-anthropologique des sociétés du passé et du présent a des conséquences évidentes sur l'enseignement des disciplines historiques, la réflexion sur les modèles culturels peut nous aider à comprendre comment ils interagissent, opposés mais coexistants, dans chacune et chacun de nous. Notre recherche a comme but de:
·         donner conscience à chaque enseignant de la complexité du procés constitutif de la subjectivité sexuée
·         reconnaître le rôle de la présence symbolique féminine dans la formation de l'identité humaine, féminine et masculine, même dans les sociétés patriarcales
·         parvenir è une nouvelle perception des valeurs dans l'optique de la partnership, c'est-à-dire la construction de rapports evolués authentiques entre les sexes dans la conscience de la différence.
 
Nos propositions
Nos rencontres se caractèrisent par des pratiques du M.C.E. et du mouvement des femmes:
  • partir de soi-même en relation aux autres, comme bonne pratique de parole et d'écoute
  • chercher une connaissance intégrée aux émotions
  • privilégier la présence et les soins
  • veiller aux problèmes liés à l'autorité et au pouvoir
  • reconnaître les valeurs dans l'optique de la partnership Homme/Femme
  • cultiver une forme nouvelle de spiritualité féminine non séparée du corps et de la nature
  • prêter attention à la recherche de certais groupes d'hommes dans la direction du dépassement des rapports de pouvoir entre les sexes.
Nos propositions didactiques se sont entrelacées avec les ateliers de formation adulte (v. Habiter le monde au féminin[3]) suivant les thèmes:
 
Corps et émotions pour éduquer à la différence
Promouvoir les procés de transformation des rôles masculins et féminins même à l'école, en dépassant la tradition de neutralité qui, à partir du langage, égalise tout au masculin qui est considéré “universel”. Le dialogue entre filles et garçons dans les classes mixtes est une occasion précieuse de maturation, en dépassant l'alternance du refus et de l'attraction. Nous pouvons éduquer filles et garçons à suivre son propre naturel, à reconnaȋtre les désirs et les refus, à établir des relations sincères et ouvertes en préparant des ateliers de psicomotricité, d'imagination guidée, de narration et d'autres activités expressives.
Le corps est “un atelier dans l'atelier” à travers un parcours qui part de la conscience de soi, de  sa propre spécificité et appartenance féminine, pour s'ouvrir à la rencontre d'une autre appartenance, celle du genre masculin. Nous avons trouvé la voix et les mots pour le dire, la grammaire des émotions à travers du chant et de l'écriture. Par une voix  archaȉque et nouvelle au mȇme temps a affleuré la langue maternelle, qui aspire à faire comprendre le sens du parler.
 
Genres, règles sociales et citoyennetés
Est-ce qu'il existe, dans notre pays, une manière d'habiter le monde, de vivre la citoyenneté qui donne importance aux femmes et leur permet de réaliser sa propre liberté? La réponse ne peut pas être univoque, cela dépend de l'appartenance à une certaine génération, de l'histoire familiale, des expériences professionnelles... Nous y avons réfléchi en nous donnant le sujet “Quand je me suis sentie citoyenne...”
Nous avons expérimenté un voyage dans les étapes de notre vie et de la vie des femmes migrantes avec leur rites de passage, en reconnaissant les traces de cultures féminines dans les différents continenets par la pratique du tissage et la lecture des mythes correspondants. Nous avons eu dans nos classes des hommes et des femmes qui sont porteurs d'une culture artisanale qui peut nous aider à comprendre les liens interculturels entre les peuples. Les enseignants migrants ont travaillé avec les enseignants des classes en proposant des ateliers de tissage, de tissage de tapis, de musique africaine, de danse du Sri-Lanka.
 
Histoire, anthropologie et archéologie
Les cultures néolithiques ont donné des témoignages d'une perception de la réalité et d'une condition des femmes bien différente par rapport aux traditions
patriarcales successives, qui en ont conservé des traces bien que faibles.  Les mythes, l'archéologie, la littérature (p.ex. les tragédies grecques), les adaptations des religions monotéistes aux cultes précédents, les traditions populaires, les fêtes et les lieux sacrés, la toponymie révèlent une résistance continue et tenace de la culture ancienne contre un modèle social fondé sur la domination et sur la scission. Ce combat a traversé l'histoire de l'humanité et c'est à nous de le montrer, en réalisant des ateliers pour les adultes et des expériences didactiques avec les classes.[4]
Marina Martignone (M.C.E. Gênes)
 
 
 
 
                                                                 


[1]          Lucy Irigaray, Sessi e genealogie, La tartaruga, pag. 151 e segg.
 
[2]          Adriana Cavarero, Nonostante Platone,Editori Riuniti, pag. 61
[3]              Annalisa Busato Sartor (texte édité par) Abitare il mondo al femminile, edizioni Junior, 2009
[4]          Marina Martignone , Paola Parodi  Educazione e modelli culturali, Cooperazione educativa N°2 anno 2004,
              ed.Junior