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Soumis par Sylviane Amiet le 11/04/20 – 17:06

Poème de Mario Benedeti

(auteur uruguayen, 1920-2009)

Quand la tempête passe
Et que les routes sont apprivoisées
nous sommes des survivants
d'un naufrage collectif.

Avec un cœur qui pleure
et un destin béni
nous serons heureux
juste d' être en vie.

Et nous  embrasserons
le premier étranger
et nous ferons l'éloge de la chance 
qui nous  garde un ami.

Et puis nous nous souviendrons
de tout ce que nous avons perdu
et nous apprendrons une fois pour toutes
tout ce que nous n'avons pas appris.

Nous ne serons plus jaloux
car tous  auront  souffert.
Nous ne serons plus paresseux
Nous deviendrons compatissants.

Pour tous, la vie aura plus de valeur
Que je ne l'ai jamais réalisé
Nous serons plus généreux
Et beaucoup plus engagés

 

 

Nous comprendrons combien

la vie est fragile
Nous serons plein d'empathie
pour celui qui est et pour celui qui n'est pas
 

Le vieil homme nous manquera
qui demandait un peso sur le marché,
dont ne connaissions pas son nom
mais qui a toujours été à vos côtés.

Et peut-être que le pauvre vieux
était votre Dieu déguisé.
Vous n'avez jamais demandé son nom
parce que vous étiez pressé.

Et tout sera un miracle
Et tout cela sera un héritage
Et la vie sera respectée,
la vie que nous avons gagnée.

Quand la tempête passe
Je prie Dieu, désolé
pour nous aider à devenir
ce que vous avez rêvé de nous.