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Soumis par François Perdrial le 03/01/15 – 17:33

 

LA PÉDAGOGIE FREINET AUJOURD’HUI :
LA CONTRIBUTION DU MOUVEMENT ITALIEN

Le concept de la réalité de l’époque de Freinet jusqu’aujourd’hui a-t-il changé au point que ses techniques ne seraient plus adéquates ?En fait, plusqu’une réalitéqui doit être conquisepar les classes inférieuresaujourd’hui, il s’agit d’une réalitéà laquelle donner du sens.
La réalitéjusqu’à il y a quelquesannéesa été considérée commecertaineet définitive, seule et unique, son existenceobjective n’était pas mise en doute.Elle étaitconçue comme un lieude l’action humainequi transforme le monde : quelque chose àaffronter,à changer. L’actionétait le moteuret le stimulusfondamental à connaître, à saisir le savoir. Aujourd’hui, nouspensonsà une réalitéà interpréter, à signifier, où il ya despoints de vue différentssur la réalitéet sur le monde :chacun est appelé àdonner un sensà la réalité...
Si les techniquesFreinetétaient adéquates etfonctionnellesà la diffusion desidées, à la prise de conscience, à la communication, aujourd’hui la lecture de la réalitéest complexe, difficile, changeante selon les différents points de vue etles multiples facettes desens.

Pour aider àdécoder cette complexité, nous disposons aujourd’hui des contributions desgrandes révolutionsparadigmatiques qui ont traversé le XXe siècle :
*la psychanalyse
*la nouvelle physique
*l’anthropologie culturelle,les sciences humaines
*l’histoire des Annales(les durées)
*le structuralisme
*l’écologie de l’environnement, l’écologie du sujet (Bateson)
* les théories des systèmes et de la complexité
*l’épistémologie génétique
La liste pourrait s’allonger avec de nombreuses autres ramifications de nouveaux domaines de la connaissance et de la recherche.
Ils
ont donc changé et changent toujours plus rapidement les modes de la connaissance, e t donc les concepts d’espace et de temps, de réalité et d’abstraction (comme en témoignent les neurosciences, la recherche sur l’organisation spatiale et sur la vision, le « newbehaviourism »,...) qui affectent à la fois la communication et les modes de l’apprentissage(comme apprennent-ils les digital natives ?) que les théories pédagogiques, et les idées sur le monde, la culture, l’environnement, les dynamiques de l’innovation sociale...

La pédagogie Freinet, tout en conservant l’essence de sa vision pédagogique et humaniste et son inspiration pour le rachat des classes inférieures(la « pédagogie populaire »), doit s’ouvrir à de nouvelles réalités et à une exploitation des connaissances disponibles aujourd’hui de plus en plus rapidement.
Le MCE s’interroge donc sur la façon de concilier les nouveaux courants de pensée, les déplacements et les changements qui se produisent dans les modèles d e la connaissance et des structures disciplinaires avec l’héritage substantiel de la pédagogie Freinet, sans le dénaturer, mais, au contraire, en cherchant de trouver des coïncidences significatives.

Par exempleentre le principed’incertitudede Heisenberg, qui a mis en doutel’objectivité etla neutralitésupposéede la science, en soulignant le rôlede l’observateurqui change l’objetobservé, et la critique deFreinetà la scienceacadémique etaseptique, fermée sur elle-même.

Ouentre lescontributionsde l’anthropologie culturelle qui a déboulonnéla mythologiede la race etqui conduit la critiquede l’eurocentrismeet de l’ethnocentrismeet l’attentionde Freinet pour la diversité culturelle, la subjectivité, la culture populaireface au poidsde la culture dominante.

Ouentre la découverterécente du rôle des neurones miroirsqui met en évidenceque l’individuest naturellementprédisposéà l’intersubjectivitéet la fonctionque Freinet attribue à la coopération et à la solidarité dans la co-construction des savoirs.
 
Ainsi quel’utilisation des technologies multimédia : l’esprit deFreinet enutilisantcelles deson tempsétaitalternatif et révolutionnaire. Aujourd’hui, certainesde ces techniques ont été remplacées pardes médiasplus modernes et pluspuissants, mais l’espritdoit rester le même. Enseignerl’utilisation dela technologie au servicede l’hommeet non le contraire, c’estle vrai défialternatif pour fournir des outilscritiquesaux « natifs du numérique ».

Le MCEconsidère doncqu’il y a une continuitéet de l’harmonie entreses propositionsméthodologiques et didactiques et l’invitation constammentréitéréeparFreinetetpratiquée par plusieurs de ses collaborateurs et par des chercheurs(P. Le Bohec, H.Go, Ph. Meirieu...)dans différentspays à propos de l’ouvertureà de nouvelles études, aux nouveaux besoins, au monde dela recherche.
De l’œuvre de
Freineten particulier, les aspects suivants nous semblent toujoursvitaux etimportants :
partir del’enfant : placer l’apprenant aucentre duprocessus d’enseignement/apprentissage (voir les invariants)
la méthode naturelle, le tâtonnement
l’apprentissage coopératif
l’organisationdémocratique de la classe, ses institutions (le conseil, etc.)
• le plan du travail scolaire partagéavecl’engagement des sujets, leur responsabilisation, nécessaire à la mise en œuvredu plan
la pluralitédes matériaux et dessources de connaissance face aux manuels scolaires
l’espace à l’expression, àla parole
l’exercice directde la démocratie commeconstructionde la citoyenneté
tandis qu’une organisation rituelle des activitéssur la base deformes typiquesd’une organisation socialedifférente(le monde du travail agricole et ouvrier de la première moitié du XXe siècle (il suffit de penser aux« Dits de Mathieu » avec l’appelconstant au « sens commun ») ne nous semblefranchementpas à jourou capables d’intégrerde nouvelles suggestions (le socio-constructivisme, l’apprentissage cognitif, la théorie sur la zoneproximale de développement de Vygotskji (ZPD), la psychomotricité, l’animation, les activitésde simulation etles jeux de rôle, la gestalttheorie qui suggère l’idée d’un contexte qui intègre les différentes activités et les différents sujets dans un contexte de narrations, d’institutions, de projection partagée dans lesquelles se reconnaître...).
Accepter etreconnaître cescontributionsen les connectant àla pédagogieFreinet, les développanten parallèle,nous semblefaire du bien au mouvementde l’écolemodernedans sa complexité etpourraitfavoriser le dialogueet la coexistenceavec d’autrespropositions(le monde anglo-saxon, le groupe portugais, pour donner deuxexemples).
 
À laRIDEFde Reggio Emilia,leMCEaessayé d’illustreravec quelquesateliers de telschangements qui pour nous sont des enrichissements...
En particulier dans les laboratoires
- « Commencer par les filles et les garçons »
-Grundtvig
-Astronomiedans la ville
on a présenté unéventail d’activités possibleset des directionsde recherche, mais, avant tout, une méthode deconductionque nous définissonsde l’animation.

Entre les contenus et les champs de rechercheque leMCEaintroduitsdans sa pratique, nous soulignons, commeétant plus« étrangers »et troublantsau front de la pédagogieFreinetclassique :
le rôlede l’éducation corporelle danstoutes les activités
l’histoirepersonnelle, familiale(les arbres généalogiques de la famille), générationnelle
l’imagination commeune archive de connaissances
la métaphore
la théoriede la culture(au sens anthropologique)
une pédagogiedu récit et de la narration
l’éducationaux avenirs alternatifs
Il y a plusieurs propositionsqui circulent dansnos mouvements qui sont proches decelles -ci et qui présententégalement des variationspar rapportau schéma initialde laclasseFreinet.
Par exemple, lespropositions sur lesarbresde la connaissanceet sur la mathématique naturelle françaises, les co-biographies et les techniques d’écriture collectivede LeBohec, l’atelier du corps ou le « cuentacuentos » espagnols, le contenu dedifférents laboratoiresmexicains, brésiliens, japonais.
Dans beaucoup de cespropositions, nous reconnaissons des similitudesà cultiver pouréchanger, pour mieux nous connaître, pour enrichiret affinerles propositions.
On doit se mêler encoreplus, définirles moyens et les moments dediscussion et d’échange.
GiancarloCavinato MCE Italie